jeudi 28 février 2013

Le pourquoi du comment

J'avais commencé ce blog parce que j'étais heureuse, parce que j'étais enceinte, parce que j'étais heureuse d'être enceinte et que j'avais envie de partager ce bonheur sans forcer les gens à m'écouter.

Je l'ai continué parce que le rôle de mère suscitait chez moi tellement d'interrogations, tellement d'émotions diverses, variées et souvent contradictoires qu'il fallait que je les partage. Et puis, aussi, je voulais mettre en lumière tous les moments jolis et tendres pour en garder une trace, pour les graver un peu mieux dans la mémoire parce que je sais que les souvenirs se fatiguent à trop rester en suspend. Et pour que le tableau ne soit pas qu'un monochrome sans vie, j'ai aussi raconté mes doutes, mes tristesses, mes crevasses... parfois.

J'aime ce blog. J'aime le temps que j'y passe à tenter de mettre un peu d'ordre dans mes idées, mettre en forme mes émotions pour mieux les appréhender. C'est finalement du temps que je m'accorde pour prendre du recul sur notre vie. Ce que j'aime aussi, c'est de vous lire ou vous entendre me dire "il était chouette ton post !" et que ça nous permette d'en parler, un peu. J'aime savoir que ce que je montre à voir de notre vie de famille trouve des échos chez certains... et on se sent moins seul.

Parfois j'en dis plus que ce que j'aimerais.
Parfois les émotions l'emportent sur la raison.
Et parfois, même, il m'est arrivé de blesser des amis, de la famille, faute d'avoir pris le temps de jauger de l'importance de partager ou non quelque chose qui m'importait.
Parfois, je suis maladroite.

Malgré tout ça, j'aime ce blog.

Il ne me reste rien de ma mère, sinon quelques bulletins tristes dans lesquels les instituteurs l'enjoignent à être plus régulière, moins bavarde, plus concentrée. Il ne me reste rien, sinon quelques photos éparses sans personne pour les commenter. De ma mère, je dois tout supposer, inventer, recréer. Si je meurs demain, mes enfants auront à vie une source sûre à laquelle s'abreuver. Évidemment, ça ne suffira pas. Évidemment, il faut plus que ça. Mais ils auront les albums que je leur fais, patiemment, que je commente de petites anecdotes, et ils auront ce blog. Et j'espère qu'ils se diront que leur maman était raide dingue d'eux, tellement dingue d'eux qu'elle en devenait parfois niaise. Je pense que c'est plus facile de vivre sans maman quand on a la certitude d'avoir été aimé par elle.

Peut être qu'un jour j'en aurai fini de préparer mes enfants à ma mort (ou à celle de leur père) éventuelle. Peut être qu'un jour je ferai indéfectiblement confiance à la vie. Peut être qu'un jour, laisser une trace de mon amour pour eux deviendra moins primordial. En attendant, il y a ce blog.

1 commentaire:

  1. Le jour ou tu feras enfin confiance à la vie, tu ne t'angoisseras plus de la trace que tu laisses de toi à tes enfants...
    Tu sauras qu'il leur est impossible de t'oublier même s'ils doivent se recréer une partie de ce bonheur actuel...
    Alors... roules ma poule!

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