Dis-moi qui je suis.

C'est drôle, je pensais hier, à une phrase que j'avais l'habitude de prononcer : "tu me vois comment ?" il y a peu de temps encore.
J'étais obnubilée par l'image que je renvoyais, soucieuse d'être bien vue, inquiète d'être mal jugée, nécessiteuse d'entendre quelques jolies choses. Alors quand je rencontrais quelqu'un il y avait toujours un moment où je m'arrêtais pour lui demander, penaude et confuse, de me dépeindre. C'était toujours flatteur, évidemment, on ne prend pas beaucoup de risque à poser ce genre de question. La réponse est forcément consensuelle. N'empêche que, pour un court instant, ça me faisait du bien.

Et puis d'un coup je me rends compte que je n'ai plus besoin de savoir. Plus envie. D'un coup je me rends compte que l'idée que je me fais de moi me suffit. Je ne porte pas de jugement sur qui je suis, je ne me demande pas si j'agis de façon juste ou pas. J'essaie simplement d'agir pour être heureuse. Le reste, tout le reste, je m'en fous. Je n'ai plus peur de décevoir.

D'un coup je me dis que l'important chez les autres ce n'est pas ce qu'ils pensent de vous, mais ce qu'ils sont, pour ce qu'ils sont. D'un coup je me rend compte que j'aime qu'ils soient un peu fragiles, un peu menteurs, un peu tricheurs. D'un coup je me rends compte que ce que j'aime chez les autres, ce n'est plus l'image qu'ils renvoient de moi, mais le plaisir d'être avec eux. Je n'ai plus peur d'être déçue.

Je me sens aimée et qu'importe la raison. Je sens autour de moi de la bienveillance et je me fiche qu'elle soit jouée ou mentie ou trafiquée.
Et j'aime. Comme jamais. J'aime vraiment. 

Je ne suis ni quelqu'un de bien, ni quelqu'un de mauvais. Je suis juste, vraie, celle que j'ai envie d'être pour aucune autre raison que celle de vivre heureuse.