jeudi 27 décembre 2012

De l'intérêt de mentir à nos enfants

Je me souviens très bien de ce moment là... ce moment où pour la première fois la question de mentir à nos enfants pour leur inventer les histoires de Saint Nicolas ou de Père Noël s'est posée à nous. Je me souviens que mon avis était catégorique : bof, ces niaiseries, j'ai très bien grandi sans et y a pas de raison que je fasse autrement pour Noé. Je me souviens aussi de l'avis plus ou moins généralisé de mes copines : c'est tellement chouette cette magie-là que je ne me vois pas en priver mon enfant. Soit. Je regardais ça de loin, d'un oeil amusé, sans plus. Les premières fêtes (et les deuxièmes aussi) de Noé se sont donc déroulées dans le pragmatisme le plus total.

L'année passée, on a commencé timidement, surtout parce que ça nous plaisait à nous... On a laissé une carotte et un grand verre de lait pour Saint Nicolas qui lui-même nous a laissé quelques speculoos, quelques mandarines et une boîte de Duplo. Point d'excitation dans les yeux de Noé qui en réponse à la mienne qui essayait de le réveiller, m'a murmuré fatigué "dis-lui que je dors !!"

Cette année, Noé était à fond dedans et j'ai su que ce n'était pas "rien" tout ça. C'est un apprentissage du folklore, déjà. Ce n'est pas si anodin que ça, cette histoire. C'est une façon de se sentir appartenir à un lieu, un pays, une culture. Je me demande si je me suis jamais sentie appartenir à un lieu... J'imagine que mon départ prochain me fera dire que oui, mais n'empêche. Ensuite, c'est un apprentissage de la spiritualité, le monde magique où les choses surviennent sans que l'on comprenne vraiment le pourquoi du comment. C'est une façon de s'extraire un peu de nos préoccupations matérielles, de s'élever. J'aime le questionnement que cela suscite chez Noé. Le voir confronté à la magie qu'il peut y avoir dans ce monde. Bien sûr, c'est nous qui l'inventons... Mais s'il y a bien un moment de son existence durant lequel je peux lui offrir de la vraie magie, c'est l'enfance. Je suis heureuse de ne pas l'en avoir privé.

J'avais lu Dolto. Elle répondait à son fils qui l'interrogeait sur l'existence de Père Noël après y avoir cru pendant des années. Père Noël est en chacun de nous, c'est le plaisir d'offrir. C'est ce que je pensais dire à Noé avant même de l'avoir laissé croire qu'il existait vraiment. Mais peut être que c'est encore plus beau de savoir qu'on peut tous être le Père Noël quand on a d'abord profité pleinement de son existence. Finalement, je trouve ça tellement triste de tout ramener au réel... J'aime l'idée que pour une fois, nos enfants n'aient personne à remercier pour un cadeau. J'aime l'idée de le leur faire gratuitement, ce cadeau, sans attendre reconnaissance, merci ou autre chose.

Je n'ai pas souvent menti à Noé. On pourrait presque dire jamais. Mais pour toutes ces raisons, je suis heureuse de le faire. Je mentirai aussi à Capucine. Quand Noé sera en âge d'être dans la confidence, il lui mentira à son tour. J'espère pas trop vite. On veut souvent faire grandir nos enfants trop vite. On veut souvent les plonger dans notre réalité d'adulte. Elle est si chouette que ça, notre réalité d'adulte ?

2 commentaires:

  1. J'adore ce billet! J'adore j'adore j'adore! Ca m'avait fait super bizarre quand on en avait parlé il y a 2 ans, quand tu avais dit que tu avais grandi sans la magie et que tu ne voyais pas pourquoi Noé aurait besoin de cette magie! Je suis tellement contente et rassurée que tu aies changé d'avis! Ca ne collait pas du tout à "ton personnage" et là je te retrouve vraiment :) Trop contente! J'étais toute émue en lisant :)

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  2. Je suis contente que tu commentes parce que j'ai pensé à toi en écrivant ce billet ;-)

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