jeudi 8 décembre 2011

Moment de grâce

Il y a des moments, dans la vie d'une mère, qui laissent rêveur. Des petits trucs tout simples qui nous font dire : "mais pourquoi c'est pas comme ça tout le temps" "Comme c'est bon d'être maman !"

Par exemple :

Vous allez chercher votre enfant à l'école. Vous mettez 35 minutes pour y arriver, luttant contre le froid et le vend, tentant d'oublier le poids de votre cadette dans l'écharpe. Une fois l'enfant récupéré, vous décidez d'aller faire des courses. Vous avez le choix entre prendre le premier bus qui vient et réfléchir ensuite au chemin que vous allez faire ou attendre 10 minutes le bus adéquat qui vous mènera directement à l'endroit souhaité. Évidemment, vous prenez la plus mauvaise des deux options, c'est-à-dire la première. Vous vous retrouvez donc dans un bus dont vous ignorez la destination et le parcours. Vous prenez 10 minutes pour essayer de rassembler vos neurones (avec Primo qui court dans tout le bus et Numérobis qui commence à vous faire comprendre, à grand renfort de grognements, qu'elle casserait bien la croute. Là. Maintenant. Tout de suite !). Bref, vous parvenez à imaginer votre parcours et visualisez parfaitement l'arrêt auquel il vous faudra descendre pour votre correspondance. Pendant tout le temps de votre difficile réflexion, "les gens" (mais si, vous voyez, ceux qui forment cette foule oppressante caractéristique de l'heure de pointe) sont sortis de leurs bureaux et se sont tous agglutinés dans votre bus. Emue par leur faciès fatigué et leur échine courbée, vous proposez à votre chérubin chéri de venir sur vos genoux afin de laisser la possibilité à l'un d'entre eux de s'assoir à sa place. Bien mal vous en a pris. Vous avez oublié que Numérobis prenait déjà toute la place. C'est trop tard, la place assise est maintenant prise et vous vous retrouvez avec un Primo en équilibre sur 10 cm de vos genoux, gigotant, glissant et vous vous demandez ce qui vous a pris de penser qu'on pouvait tenir à 3 sur un siège de bus. Vous pouvez choisir de continuer le trajet de cette façon ou de sortir de ce bus et prendre le suivant. Évidemment, vous choisissez cette deuxième option, parce que la première était peut être inconfortable mais surtout bien trop facile. Heureusement, un bus arrive juste derrière. Vous montez dedans. Ce bus ne va pas exactement là où vous espériez et du coup vous devez à nouveau improviser un nouveau trajet. En pointant, vous vous rendez compte que vous perdez une place de trajet sur votre carte de 10 parce que ça fait déjà 1 heure que vous êtes dans les transports en commun. Le nouveau trajet vous transporte à côté de chez vous. Vous vous interdisez de descendre parce que "zut à la fin, j'ai pas payé pour descendre ici, c'est trop bête, maintenant qu'on y est on va jusqu'au bout". Vous vous rendez compte qu'en fait ce bus fait littéralement le tour de votre quartier. Vous mettez 15 minutes montre en main pour traverser une place encombrée. Vous hésitez tout ce temps à descendre de ce foutu bus et à rentrer chez vous. Numérobis ne grogne plus de faim. Elle hurle. Vous la sortez de son écharpe pour lui faire un câlin. Elle s'en fout, elle a faim. Vous vous demandez avec de plus en plus d'intensité s'il ne serait pas judicieux de sortir de ce bus à la con (bordel de merde, rajoutez-vous intérieurement) et d'aller la nourrir. Surtout que maintenant qu'elle est hors de l'écharpe, ça va être galère de l'y remettre. Mais vous voyez tout le temps passé dans ces transports et vous vous dites que vraiment ce serait stupide d'abandonner là. Ou pas. Vous suggérez à votre grand que peut être éventuellement vous allez sortir du bus. Il refuse. "Non, on doit aller acheter des choses, tu as dis !" C'est un argument de poids, quand on a le regard qu'il a... Du coup, vous acquiescez. Le bus s'éloigne de votre quartier. Vous savez qu'il ne vous reste plus que 15 minutes de trajet et que vous serez enfin à destination. Vous avez alors le choix... Soit vous descendez du bus pour finalement rentrer chez vous (n'oublions pas que Numérobis hurle toujours dans vos bras), soit vous continuez le trajet en vous disant que vous trouverez bien un endroit ou allaiter la bête affamée. Comme vous avez la tête comme un sceau, que vous n'en pouvez plus, que vous êtes exténuée... et ben vous décidez de rentrer chez vous. Vous auriez pu le décider une demi-heure plus tôt, avant d'avoir 15 minutes de marche à faire dans le froid et le vend pour faire marche arrière, mais non. Du coup vous marchez. Et vous demandez à votre grand de marcher plus vite "parce que maintenant y en a marre, je veux rentrer à la maison, être au chaud, tu comprends ?!"

Et ce moment de grâce alors ?

moi : Noé, tu ne veux pas porter ton cartable ?
Noé : Non, j'ai pas envie.
moi : Et bien moi j'ai envie.
Noé : ah. D'accord alors.

Voilà, un moment de grâce, c'est parfois juste quelques mots échangés avec son amour de fils qui rendent une journée merdique un peu moins merdique.

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