samedi 1 octobre 2011

D-O-U-L-E-U-R-S

J'attendais l'accouchement comme l'accomplissement d'une aventure, comme on attend un train un jour de grève, comme le messie, comme on attend Godot, comme la promesse d'un soulagement immédiat...

L'accouchement a eu lieu à la hauteur de mes espérances les plus folles, intense et parfait.

Et puis après ?

Le soulagement ?
Non.
L'accomplissement ?
Non.
L'euphorie ?
Non.

Le corps est douleurs... Toutes les parties les plus intimes de ce corps sont tendues, congestionnées, douloureuses. Entre les suites de l'accouchement et l'allaitement en devenir, rien n'est épargné. Je traîne mon corps, pour quelques semaines encore, comme un poids sans force. Et ce n'est pas facile, pas évident de se dire qu'il faut encore souffrir un peu...

On croit retrouver son corps et on ne retrouve, en définitive, qu'un corps. Ce n'est pas encore tout à fait le nôtre... C'est comme un prêt...

Ca me rappelle, enfant, ces jours de piscine avec l'école, lorsque j'avais oublié mon maillot. Le maître nageur sortait alors d'un sceau d'eau refroidie depuis longtemps un maillot informe, oublié par un autre enfant, et m'invitait à le mettre en attendant un "merci". Ce maillot, trempé, froid, distendu, c'était la chose la plus désagréable qui soit. C'était pas grave, c'était mieux que rien, la sensation d'inconfort disparaîtrait dès lors que je rentrerais dans l'eau... Mais en attendant, des cabines jusqu'au bassin, ce maillot prêté était l'objet d'un sentiment profond de solitude et d'inconfort.

Et bien mon corps, en ce moment, c'est ce maillot. Le bassin de natation est-il encore loin ? Une fois dans l'eau, je le sais, j'aurai tout oublié.

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