samedi 17 septembre 2011

Date de péremption.

Voilà, on a fixé une date de péremption. Vendredi 24 mon corps sera jugé inapte à garder plus longtemps mon bébé et inapte à accoucher naturellement. D'ailleurs, c'est vrai, quand je me vois dans la glace, je me sens déjà un peu pourrie de l'intérieur. Je suis gonflée et ridée, un peu jaunie, terne.

Vendredi 24, je serai périmée.

Alors on va me mettre une aiguille dans le bras et on va m'injecter de l'ocytocine, une hormone qui indique à mon utérus "he, vas-y gros mollusque flasque, fais ton travail !" Une hormone artificielle qui rend l'accouchement douloureux et qui donne à la mère un rôle d'objet passif. "Souffre, patiente et tais-toi"

Ca fait des mois et des mois que je me prépare pour vivre mon accouchement naturellement, en accord avec la nature, avec mon corps, avec mon bébé. Ca fait des mois et des mois que l'on me répète que mon corps est fait pour accoucher, que ça ne peut que bien se passer, que tout se met en place pour mettre au monde mon bébé le plus joliment possible.

C'était des mensonges. Mon corps il faut le bousculer, sinon il ne comprend rien. La nature, mon cul !

J'ai fait tout ça pour rien, voilà ce que je me dis. Je faisais tout pour pas me retrouver couchée, attachée à une perfusion, impuissante, subissante. Mais mon corps en a décidé autrement. Mon corps a choisi son camps. Il préfère subir que vivre. Il veut se complaire dans la position de la patiente.

Voilà, j'ai fait tout ça pour rien.

Mon corps est périmé, dans une semaine. Et l'histoire je la connais déjà : gros bébé - déclenchement - ocyto - épisio - hémorragie.

Tout aurait pu être différent.

Tout sera pareil.

Au final, ce n'est pas grave. Le bébé qui en sortira sera beau et je l'aimerai... Mais j'aurai au fond de moi la certitude que rien ne sert de lutter contre l'histoire.

J'aurais pu être surprise, j'aurais pu faire un bébé moins gros puisque né plus tôt, j'aurais pu vivre la naissance de mon enfant de façon sereine et détendue, sans angoisse, sans attente, sans mal-être, j'aurais pu vivre quelque chose de différent, j'aurais pu me sentir forte et libre... Mais ça c'est pour les autres.

2 commentaires:

  1. Et si le 24 septembre ne tombe pas un vendredi cette année, tu fais quoi? c'est juste pour te taquiner. bises cousine Céline

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  2. J'accouche l'année où ça tombe un vendredi et je concoure pour la gestation humaine la plus longue au Guinness Book des records (et je remporte le gros lot !) :-)

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