L'allaitement de Noé n'avait pas été une partie de plaisir. Physiquement, je n'ai eu aucun problème. Logistiquement parlant, j'ai trouvé que c'était la solution la plus pratique et la moins envahissante qui existe. Intellectuellement, je n'imaginais pas donner à mon enfant autre chose qu'un lait qui lui était si justement adapté. Économiquement, je trouvais ça complètement idiot de dépenser une fortune pour quelque chose que je produisais, en meilleure qualité, gratuitement. Mais psychologiquement, je n'ai pas pris énormément de plaisir. Il y avait quelques moments de bonheurs, bien sûr, mais dans l'ensemble je n'ai pas trouvé l'épanouissement à travers cet échange-là. En même temps, je n'ai jamais pris aucun plaisir à lui essuyer les fesses et je l'ai pourtant fait. J'avais passé 9 mois à me sentir vampirisée par un être en construction et l'allaitement me donnait l'impression de l'être à nouveau. Malgré tout, les arguments intellectuels, économiques et logistiques l'emportaient de loin sur le reste. Et puis, finalement, je prenais plaisir à retrouver une part d'animalité, à travers l'allaitement, parce que c'est dans cette animalité que je me sentais « mère » le plus profondément.
Je n'appréhende pas tellement l'allaitement à venir. Il sera ce qu'il sera. Je l'imagine plus long et plus serein que le précédent, peut être parce que je me sens plus sereine que je ne l'ai été pour Noé. Ce qui est certain c'est qu'il faudra beaucoup d'embûches pour que j'y renonce...
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