Terrorisée.

Je sais gérer plein de situations. Plein. Devant mon fils malade je reste zen et confiante. Devant ses pleurs, ses larmes, ses cris, j'arrive souvent à trouver les ressources nécessaires pour ne pas flancher moi aussi, pour ne pas nous faire sombrer tous les deux dans la colère. J'arrive à faire avec les difficultés de la vie. Je gère assez bien la désapprobation des bien-pensants. J'ai fait le deuil de mon enfance et je suis heureuse de l'adulte que je suis. Je me satisfais de tous les sacrifices que l'on fait, financièrement. J'ai parfois peur d'appeler l'une ou l'autre administration, de prendre l'un ou l'autre rendez-vous, mais j'y arrive, finalement.

En général, c'est vrai, j'y arrive.

Mais là, je suis simplement terrorisée à l'idée de ce qui m'attend demain. Je suis terrorisée de me retrouvée, encore, devant des gens qui vont juger ma production scientifique, qui vont me demander d'en parler intelligemment et qui vont me demander de fournir des réponses à leurs questions. Je ne sais pas faire ça, faire l'intelligente, faire comme si je ne doutais pas, montrer que je suis sûre. Je ne suis sûre de rien, jamais. Je ne sais pas mentir. Je suis terrorisée, aussi, de m'entendre dire que le travail fourni n'est pas suffisant, que j'aurais pu faire mieux, que j'aurais du, que ce n'est pas assez. Ce n'est jamais assez, ce n'est jamais parfait.

Demain, à 16h, je vais une fois de plus avoir l'impression de monter sur le bûcher. Ce serait bien que ce soit la dernière fois. Ce serait bien que les flammes soient douces. Ce serait bien que je devienne grande pour de vrai...

Je voudrais ne pas bafouiller. Je voudrais ne pas mélanger mes idées. Je voudrais être claire et précise. Je voudrais que ce soit fini.