mercredi 8 juin 2011

De l'insouciance

Il y a trois ans, j'ai pris en pleine gueule ce que j'associais à la naissance de Noé : une perte définitive et sans appel de mon insouciance. Durant toute ma grossesse, j'ai regretté le temps béni où je pouvais partir en claquant la porte, dire "adieu" à la moindre sensation d'ennui, fuir au moindre risque de s'ankyloser, partir au moindre signe de faiblesse. C'était ça, la liberté, la vraie liberté. Pouvoir crier "bye bye" à la cantonade, respirer le grand air, embrasser des inconnus et se sentir belle.

Je me demandais comment j'avais pu laisser faire ça, comment j'allais pouvoir vivre heureuse sans elle, sans cette douce et bienfaisante insouciance. Je n'avais plus le choix, Noé était là, pesant sur mon ventre de toutes les contraintes qu'il m'imposait déjà. Je ne pouvais plus faire marche arrière.

J'imaginais, pour me consoler, que cette insouciance n'était pas perdue. J'imaginais qu'en mettant Noé au monde, je la lui offrais, comme le plus beau des cadeaux.  J'imaginais que mon boulot, désormais, serait de l'aider à en prendre soin, à en profiter, le mieux possible. J'imaginais que c'était ça être maman, donner des armes et des recettes pour que cette insouciance soit un cadeau, lui permettre de la vivre de la meilleure façon possible.

Les premiers mois j'ai tout oublié de cette "prise de conscience", absorbée que j'étais dans la contemplation de notre vie à trois. Puis le temps a passé. Parfois j'ai senti ce sentiment de liberté chérie, abandonnée, soldée, et tout ça pourquoi ? Il y avait comme un arrière goût de "si j'avais su". Pas tenace, non, mais latent.

Et j'ai grandi. Noé aussi. Vincent aussi. Notre couple. Notre famille. On a grandi et on a appris... Que de l'insouciance il en faut pour mettre au monde un enfant. Qu'il en faut de la liberté (de penser, de croire, de se tromper, de réussir, d'espérer, ...) pour jour après jour être le meilleur parent possible. Et plus que jamais je me sens bouffie d'insouciance, une belle insouciance, une insouciance positive, souriante, confiante. Une insouciance qui aide à construire plutôt qu'une insouciance qui aide à fuir, sans se poser de question.

Ce qui a changé le plus entre la grossesse que j'ai vécu pour Noé et celle que je vis actuellement, c'est que je ne la conçois pas comme une partie de moi dont il faut faire le deuil. Je suis en devenir, insouciante et confiante.


Cette scène a longtemps été mon hymne à l'indépendance. Elle l'est encore. Et Liza Minnelli, c'est juste la classe internationale !

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