lundi 23 avril 2012

The sucettegate

Noé et moi, on rentre à la maison après une longue journée pour chacun. Pour se donner du coeur à l'ouvrage, je lui offre un petit jus, pour la route. Une dame s'arrête et, sans raison, lui donne une sucette. Noé est heureux. Il a un jus et une sucette, tout va vraiment bien. Il planifie les minutes à venir. Il ouvrira sa sucette dans le bus, en même temps que son jus, quand il sera bien assis. Le bus arrive. On s'avance vers la porte de devant avec le reste des passagers. Arrivés à l'entrée du bus, Noé se rend compte qu'il a oublié sa sucette sur le banc, à l'arrêt. Il fait marche arrière, il y est presque, mais je le rappelle en disant que le bus va partir. Tant pis pour la sucette. Il m'obéit, monte dans le bus, éclate en sanglots. Je sens dans tout son corps une colère énorme exploser et je sens monter en moi des larmes d'enfance. Je me souviens de cette injustice là, enfant, quand les priorités des adultes n'étaient pas les miennes et que c'était toujours les adultes qui ont raison et que c'est pas juste. Il pleure, il bouillonne, il est colère et tristesse. Il veut sa sucette, pas celle qu'il a à la maison, c'est pas la même. Parfois, il semble se calmer puis, parce que rien n'est réglé, il ré-explose.

Alors je lui explique que je comprend sa colère. Je lui dis que moi aussi je trouve ça triste qu'il ait du laisser sa sucette, que je suis désolée pour lui, désolée de l'avoir poussé à monter dans le bus alors qu'il était à deux doigts de récupérer sa sucette. Je lui dis qu'il a raison de trouver ça injuste et que je m'excuse, que j'avais peur que le bus parte sans nous, que j'étais fatiguée et que je voulais rentrer à la maison le plus vite possible.

La colère tombe. Il ne hurle plus, ne pleure plus. Reste la tristesse. Je lui propose alors d'aller ensemble chez le marchand et de voir s'il a des sucettes.

Noé a retrouvé son sourire mais pas moi. Cette histoire de sucette m'a suivie un ou deux jours. Vincent rigolait en disant que je pouvais raisonnablement me pardonner. Il a raison, bien sûr... Mais je n'ai pas pu m'empêcher de penser que si Noé m'avait désobéit et qu'il n'était pas revenu sur ses pas quand je le lui avais demandé, il aurait eu sa sucette et il aurait eu le temps de monter dans le bus. Je ne peux pas m'empêcher de penser que c'est ça l'injustice, ce n'est pas toujours quand on fait tout ce qu'on attend de nous qu'on y arrive le mieux et que c'est ça qui a fait exploser Noé.

Ce n'est pas qu'une question de sucette. Les enfants ne pleurent jamais pour rien.

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