dimanche 11 mars 2012

L'image de la mère

Je me fais de belles images de moi-même. Je me fais des films sur ce que je suis. Une chouette copine, une bonne mère, une amie solide. Je rigole, je réconforte, je joue avec mes enfants, je les endors et je me sens surpuissante. Il en faut peu. J'oublie toutes les fois où je flanche, où je n'y arrive pas, où c'est trop difficile.

C'est plus facile.

Je raconte, comme si de rien, à quel point c'est facile, à quel point ça roule... C'est vrai. Souvent, c'est facile. Souvent, ça roule. Et c'est tellement gai de partager ça.

Mais il y a les jours où ça ne roule pas du tout. Les jours où je veux partir loin, ou nulle part, mais n'être là pour personne, jamais, ni enfants, ni homme, ni amis. Il y a les jours merdiques où je me demande pourquoi... Pourquoi cette vie, comment faire, jusque quand...

Alors je me sens seule, infiniment seule... Les autres font mieux que moi, probablement.

Pendant 3 ans, j'ai regardé Noé avec un oeil critique, très critique. Est-ce qu'il évoluait bien ? Est-ce qu'il progressait ? Est-ce qu'il faisait mieux ou moins bien que les autres ? Noé a utilisé toute son énergie à m'apprendre que ce n'était pas important. Il a utilisé toute son énergie à me forcer à abdiquer. Il a utilisé toute son énergie à me faire dire que quoi qu'il sache faire ou ne pas faire, je l'aimerais. Parce que les enfants sont comme ça... Si on les écoute, ils savent nous dire qu'on est complètement à côté de la plaque. En ce qui me concerne, ça aura mis trois ans avant que je le comprenne... Et encore, c'est pas tous les jours acquis.

C'est pas tous les jours acquis que les aptitudes et les compétences de Noé (et dans une moindre mesure celles de Capucine) font ou ne font pas de moi une bonne mère. C'est pas tous les jours acquis que je ne me définis pas à travers la progression de mes enfants. C'est pas tous les jours acquis, non, mais j'y travaille.

J'ai passé une grosse partie de ma première grossesse sur les forums, à la recherche d'infos, de conseils, mais surtout de réassurance. J'y suis restée pendant des mois et des années, à comparer mon enfants à celui des autres. J'avais terriblement besoin d'y lire qu'il était dans la norme et que, conséquemment, j'étais une bonne maman. Pour quel résultat ? Une pression dingue sur les épaules de Noé, une pression qu'il a refusée, mais au prix de quelle perte de temps... Du temps durant lequel on aurait pu s'aimer, tout simplement, sans but à atteindre.

La vérité c'est que parfois j'y arrive et parfois pas. Parfois je suis une mère patiente, aimante, tendre et stimulante. Parfois je perds mes moyens, je cris, je m'énerve et je repousse. Parfois je suis exactement la mère que je voudrais être. Parfois pas. La vérité c'est que ça n'a rien à voir avec les autres mères, les autres enfants. La vérité c'est que la seule chose qui importe c'est que mes enfants soient bien dans leurs pompes (ou leurs chaussons), qu'ils soient heureux.

Bien sûr, j'aime m'entendre dire que je suis une bonne mère... Mais je sais bien que c'est faussé. L'image qu'on renvoie est toujours plus jolie que ce à quoi elle fait réellement référence. La mère que je suis en façade assure bien plus que la mère que je suis vraiment. Malgré tout, j'ai fait la paix avec elle. La mère que je suis fait ce qu'elle peut et, franchement, elle se débrouille plutôt bien.

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