vendredi 12 août 2011

Ostéopathie

Il pose sa main sur mon ventre pendant de longues minutes. Elle est douce et légère. J'ai les yeux fermés, je pense. Je me focalise sur ce que je ressens, sur les changements qui s'opèrent en moi. Ma jambe gauche est en train de s'allonger. Mon souffle tourbillonne et se perd à l'intérieur de moi. Il enlève sa main et me demande "pouvez-vous me dire comment vous vous sentez, à présent ?" Je lui réponds : "ma jambe gauche est plus longue et mon souffle se perd à l'intérieur de moi" avec l'air de celle qui ne sait pas si c'est la bonne réponse. "Très bien".

Il pose alors sa main sur mon thorax. Même question. Réponse différente. Puis il me manipule un peu. Toujours délicatement. Toujours avec douceur. Un moment, il prend ma main dans la sienne. Je ne sais pas s'il bouge ou si c'est moi qui bouge. Ses mains sont infiniment douces. Sa voix et son regard aussi. Pour son regard, je devine, j'ai toujours les yeux fermés.

Ce devoir d'introspection m'angoisse et je suis tendue. Ressentir, dire, se laisser aller... C'est une exercice délicat et anxiogène.

Puis il me bouscule un peu en me faisant faire quelques exercices. Sa voix n'est plus douce, il me demande de fournir une énergie quelque part, je ne sais pas où, ni comment, je fais ce que je peux... Il insiste, ne me laisse pas tranquille "expirez sous mes doigts ! Maintenant ! Tenez tenez tenez. Faites remonter l'air, comme une valise. Allez, encore encore encore encore. Tenez encore un peu, poussez, baissez les côtes, rentrez le ventre, non... Oui, voilà, comme ça, très bien et .... relâchez !" Moi... je suffoque, je me demande où chercher cet air qu'il veut me voir pousser. Je n'ai pas d'air, je n'en ai plus, je suis en apnée, j'étouffe, c'est trop dur.

Un moment, je lui dis que mes épaules sont lourdes, trop lourdes. Il pose ses mains sous ma tête. Je sens d'imperceptibles mouvement. Je me demande s'ils sont de son fait ou de mon imagination. Je sens aussi mes épaules devenir de plus en plus légères.

A un autre moment, je lui dis que l'air dans mon corps monte jusqu'à ma gorge. Il pose ses mains ici et là sur mon ventre et mon thorax... Ma gorge chauffe, gonfle, semble s'obstruer et se dégage ensuite. L'air y prend alors tout l'espace, je respire mieux.

Après une heure intense, il me demande de me relever et d'expliquer, encore, ce que je ressens. Je suis fatiguée, j'en ai marre. Je réponds quand même avec toujours cette crainte de ne pas bien répondre, de ne pas dire ce qu'il faut, voire même de le vexer. J'ai mal à la tête, encore un peu dans la cuisse. Puis je réfléchis... Je me sens plus petite. Ah non, pas plus petite... plus compacte. "Ahhh oui ! Très bien !" Il est content de ma réponse. Moi aussi. C'est vrai... Je sens mon ventre moins lourd, mes pieds mieux ancrés dans le sol et, maintenant que je suis debout, je n'ai plus mal. Le mal de tête disparaît.

Il me sourit et me félicite d'être aussi bien à l'écoute de moi-même. Il me dit que c'est agréable de travailler avec moi. Je prends ces mots comme une sucette après le dentiste.

Puis la journée passe, la nuit aussi. Je me rends compte que je n'ai plus la peau du ventre qui tire, que je n'ai plus mal à la sciatique, que je me sens mieux contenue dans mon corps, moins bringuebalante.

Je ne comprends rien à l'ostéopathie. Rien du tout. Ce n'est pas un moment agréable... Mais il me fait du bien.

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