Je me souviens d'une douleur lancinante, dans le dos. Ou bien alors ce n'était pas dans le dos... Mais partout. Je me souviens que je me tordais littéralement de douleur. Elle était dans le dos, oui, dans les cuisses, aussi. Dans les bras, peut être. Partout, en fait. Je me souviens que je me disais que ce n'était pas possible d'avoir mal comme ça. Je me souviens que j'en oubliais même la raison ultime de cette douleur. Je n'ai retenu qu'une chose : quand on souffre comme ça, on n'est plus que douleurs. On ne pense rien, on ne vit rien, on n'est rien. On n'existe plus que comme douleur. Tant qu'on est capable de se différencier de la douleur, c'est qu'elle n'est pas encore vraiment douleur. C'est ce dont je me souviens.
Je me souviens aussi que je n'imaginais pas souffrir. J'avais vu la vidéo d'une femme qui accouchait sans souffrir. Tout du moins, qui ne semblait pas souffrir outre mesure. Je me disais "si elle peut le faire, moi aussi". La bonne blague.
On pourrait croire que je suis prévenue, que je sais à quoi m'attendre, que je ne vais plus arriver "la fleur au fusil", certaine de ma toute puissance à accoucher sereinement.
Et pourtant... Le film de l'accouchement que je me fais jour après jour suit sans cesse le même scénario. Quelques contractions, quelques changements de position pour mieux les accueillir, quelques expirations lentes, une grande sérénité, un calme viscéral... Et puis d'un coup une tête, un corps, un cri de bébé... Et la nouvelle vie qui commence. C'est si simple.
Dans les films que je me fais il n'y a pas d'autres cris, ni de larmes, ni de désespérance, ni de sang, ni d'angoisse, ni d'impatience ni même vraiment de souffrance. Il y a juste du laisser-aller, de la confiance, du plaisir, même.
On a beau savoir, on ne sait pas vraiment.
Mais comme pour le reste, je choisis l'insouciance.
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