Notre jardin est tout petit. D'ailleurs, c'est presque pas un jardin tellement il est petit. Mais dedans, quand même, il y a un framboisier.
Chez mon grand-père, il y a une éternité, du temps où l'enfance était rieuse et joyeuse, il y en avait un aussi. Un grand, énorme, dans lequel on s'enfonçait pour aller chercher les dernières framboises cachées tout derrière. A l'époque j'avais moins peur des araignées que des petits vers qui se cachaient parfois à l'intérieur des baies. Mon grand-père en faisait des kilos de confiture et de gelée et il semblait toujours y en avoir. De l'autre côté du jardin, c'était les groseilles. De nos après-midis à jouer dehors, je me souviens de nos retours ravis, la bouche pleine et dégoulinante.
Chaque année, la première framboise est l'un des moments les plus doux. Je ferme les yeux, je presse le petit fruit délicatement de ma langue sur mon palais, je profite. Instantanément me voilà à Marcq, sur la terrasse de grandes dalles grises, bercée par l'odeur des rosiers, des framboisiers et de l'herbe coupée. Instantanément je me retrouve là, haute comme trois pommes, en short éponge et t-shirt sale d'avoir trop joué, les bras et les jambes brunis par le soleil de juillet. Et c'est bon, tellement bon. Et la seconde d'après, toujours, un peu de tristesse. Ce temps-là est loin, trop loin et c'était beau, trop beau, que pour ne pas le regretter.
Mon grand-père, mon héros, mon enfance incarnée à toi tout seul, tu ne seras jamais mort mais je suis triste quand même.
Mes enfants ne te connaitront jamais, mais ils connaitront la femme que je suis un peu grâce à toi. Et quand je leur apprendrai à rouler à vélo, c'est ton sourire qu'ils verront collé à mon visage.
c'est beau Camille, tellement beau ce que tu écris. Je ne connaissais pas ton blog mais tu écris vraiment bien.Et ce billet sur ton enfance et ton grand-père me renvoie à ma propre enfance , mes vacances aussi chez mes grands-parents à la campagne, à ramasser des abricots, des cerises et se cacher dans les vignes. Et me rappelle à moi aussi mon grand-père qui me manque terriblement. Je comprends à 200 % les souvenirs heureux mêlés de tristesse. Bisou.
RépondreSupprimerLaurianne (ou ellys, comme tu veux ;) )
Merci Laurianne !
RépondreSupprimerC'est gai d'avoir des commentaires comme ça si gentils !
Bonne journée !