Explication de texte.

Comment je suis devenue nageuse... Ou plutôt, pourquoi.

Tout a commencé avec A., une grande Sage Femme, avec des cheveux courts et des yeux bleus, très douce et très gentille. Je lui ai dit "je crois que mon ventre ne va pas tenir le coup. Parfois je me dis que le bébé va en tomber". Elle aurait pu rire, trouver ça stupide ou chercher une explication psychodébile. Elle n'a rien fait de tout ça. Elle m'a dit "tu pourrais peut être aller à la piscine".

Ah oui, pas con !

Le lendemain je sortais donc mon maillot de derrière les fagots, retrouvais (miraculeusement) mon bonnet, et m'en allais d'un pas décidé, quoiqu'un peu circonspect, vers le bassin de natation le plus proche. Ah ben non, pas celui-là, il est fermé pour toute l'année pour cause de rénovation. L'autre, alors, un peu plus loin mais beaucoup mieux.

Sur le chemin une angoisse pointa le bout de son nez. Rentre-je encore dans mon maillot ??

Arrivée à la piscine la première constatation fut que j'allais devoir profiter un max de cette heure de natation, vu le prix qu'elle allait me coûter. Mais il en fallait plus pour me décourager.

Me voilà tâtonnant dans les couloirs, à la recherche des cabines de change. Je les trouve, un homme charmant m'y accueille et me fait remarquer que j'ai une tête de nouvelle. J'imagine que de lui demander si c'était bien ici les cabines, en montrant du doigt les dites cabine, a du le mettre sur la piste...

Miracle, je rentre encore dans mon maillot. Je me demande si on voit que je suis enceinte, ou si on déplore mon alcoolisme supposé...

Deuxième constatation : je porte toujours aussi bien le bonnet de bain...

Arrivée autour du bassin je me tâte un peu. Je tourne autour des douches, sans trop oser. Je me fais l'impression d'être une jeune première lors de son premier jour de tournage. C'est excitant et effrayant.
Et puis je me lance. Je mets un pied dans l'eau, puis deux, et je prends plaisir à constater que l'eau n'est pas si froide.
Me voilà ensuite partie pour 1h00 de natation, tout en douceur mais sans s'arrêter. L'eau comme les idées coulent sur moi, les fluides internes circulent et l'énergie aussi. Je me sens incroyablement bien, vide, heureuse, au bon endroit.

Ceci n'aurait pas eu la moindre importance si depuis ce jour je n'avais pas continué à prendre le même plaisir à aller deux fois par semaine à la piscine. Seule, sans avoir besoin de me forcer, juste pour le plaisir, juste parce que je sens que ça me fait du bien, simplement parce que c'est la juste chose à faire.

C'est fou, quand même, ce qu'un petit être de quelques centimètres, porté au fond de soi, peut nous faire faire.