samedi 13 juillet 2013

Fixer l'éphémère

J'ai peur des araignées. J'ai aussi peur du temps qui passe. Ce temps qui s'égrène, seconde après seconde, moment après moment, sans honte, sans culpabilité. Ce temps qui passe et met un terme à tous ce qui a été et tout ce qui ne sera jamais. Si j'y pense trop, vraiment, je ne réponds plus de rien.
Je m'acharne à vouloir fixer ce temps. Refuser le mouvement, refuser d'avancer, l'inscrire dans tout ce qu'il a d'insignifiant pour en garder une trace, une odeur, un souvenir de son ardeur.
Je crains l'avenir parce que l'avenir c'est le renoncement du passé, c'est savoir dire adieu à tout ce qui ne sera plus. Je n'aime pas le temps. Le temps est mon ennemi. Il fait grandir les enfants, vieillir les adultes, mourir les vieux. Le temps d'y penser, il est déjà trop tard.
Mon appareil photo est mon allier dans ces tentatives vaines d'arrêter l'horloge, pour un instant, pour un instant seulement... parce que les mots se cachent parfois dans ma pudeur.
Mais comme les mots, mon appareil photo me fait souvent défaut, le traître. Soit que je l'oublie, soit que sa batterie se décharge ou que sa carte mémoire se désolidarise... Alors, s'insinue en moi, sournoisement, le regret permanent de tous ces instants perdus à jamais et l'idée germe que ces instants précieux perdent de leur saveur si je n'ai su les fixer. C'est idiot. Il faut que j'apprivoise la beauté de l'éphémère.

Ces derniers jours, j'aurais voulu photographier mes deux enfants jouer avec leur oncle, fixer leurs pas joyeux dans ceux de mon enfance au parc du chat, immortaliser leurs bouilles endormies, à 2h00 du matin en direction de leur nouvelle vie, fixer la lumière de ce premier jour, pour toujours. Je n'ai pas pu. Je regrette. J'ai l'impression que ce nouveau départ sera l'occasion ou jamais d'apprendre à vivre le quotidien sans regretter d'avance son "hier" à venir.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire