samedi 9 juin 2012

La parentalité positive vue par Isabelle Filliozat

J'ai fait connaissance avec Isabelle Filliozat grâce à un ami. un ami sans enfant mais qui avait beaucoup d'amis avec enfants... Un ami qui pendant de longues années s'est interrogé sur les douleurs causées aux enfants par leurs parents sans qu'ils ne s'en rendent compte. A la naissance de Noé, il m'a offert "Au coeur des émotions de l'enfant" et je l'ai lu. J'ai adoré ce livre parce qu'il me permettait de mettre des mots sur mes douleurs d'enfant tout comme de comprendre celles de mon enfant, de les respecter et de les guérir.

Récemment, je suis tombée sur une conférence filmée de Isabelle Filliozat. Je l'ai regardé et écoutée attentivement et j'ai eu envie de la ré-écoutée une deuxième fois, en prenant des notes cette fois, pour mieux intégrer, pour mieux saisir, pour ne pas m'en tenir aux vagues réminiscences que laissent une première écoute.
En fait de compte rendu, il s'agit essentiellement d'une retranscription littérale à laquelle j'ai tenté de donner une certaine structure. Pour ceux qui reculerait devant les 90 minutes que durent la vidéo, voici ma transcription :


Une autre relation à l'enfanceIsabelle Filliozat

Isabelle Filliozat travaille sur la réhabilitation de l'empathie et sur une autre parentalité, une parentalité positive.

Avant d'avoir un enfant on l'imagine idéal, merveilleux et parfait. On voit bien que les autres parents ne se débrouillent pas trop bien mais on se dit que nous on y arrivera. Avant d'avoir des enfants nous sommes tous des parents exceptionnels. Quand notre enfant vient au monde, on rencontre un certains nombres de soucis, il s'oppose, il pleure, ne dort pas bien, a de mauvaises notes, est violent... On va essayer de se renseigner (télé, radio, journaux...), trouver des solutions. Que faut-il faire ? Grosso modo, une seule réponse est disponible : il faut mettre des limites ! Si votre enfant s'oppose à vous c'est qu'il vous teste, cherche les limites, il s'agit de maintenir la limite ferme et de ne pas céder. De manière générale presque tout semble se résumer à ça : mettre des limites ! Nombre de parent se sentent bien démunis parce qu'ils ont l'impression d'en mettre et ça ne fonctionne pas aussi facilement que dans les livres.

D'où vient cette question des limites ?
Sigmund Freud est venu à Paris pour étudier l'hystérie avec Charcot. Ce dernier permettait de faire dire aux hystériques ce qu'elles ressentaient en les mettant sous hypnose. Freud a eu accès à des cadavres d'enfants qui avaient été abusés, violés et en revenant à Vienne il a élaboré sa théorie sur l'origine de l'hystérie. Il écrit : j'ai compris la raison de l'hystérie de mon frère, mon père l'obligeait à la fellation. Freud s'est fait huer à cause de cette théorie. C'était bien trop scandaleux pour l'époque d'imaginer que ce puisse être de la faute des parents ! Et donc, petit à petit, Freud comprenant que cette théorie n'allait pas le rendre aussi célèbre qu'il l'espérait va faire évoluer sa pensée et un jour il écrit : je ne crois plus en ma théorie comme quoi l'hystérie est le fait de viols des oncles ou pères parce que ça m'obligerait à accuser trop de pères jusqu'au propre mien. C'est alors qu'il élabore la théorie des pulsions. Ce n'est plus le parent qui a abusé de son enfant mais ce dernier qui a fantasmé son parent. C'est la théorie de l'œdipe. Mais l'histoire d'œdipe, c'est quoi ? Laïos a eu comme amant le fils d'un de ses amis et suite à cela il a été l'objet d'une malédiction : son premier enfant devrait le tuer. Lorsqu'il se marie avec Jocaste, il fait donc tout pour ne pas avoir d'enfant mais finalement un garçon nait de leur union. Par crainte d'être tué, il abandonne son nourrisson en espérant qu'il meurt. C'est donc Laïos qui a le premier désiré la mort de son fils. Oedipe est recueilli par une famille et on lui annonce son destin... Il essayera de fuir ce destin, mais ce faisant, il plongera directement dans les bras de sa mère et tuera son père. Mais à aucun moment ça n'a été son désir. Il a été piégé. Peut être qu'en inversant l'histoire d'Oedipe, Freud nous dit que ce qu'il dit n'est pas à prendre au pied de la lettre parce qu'il connait comme nous la mythologie...

L'enfant est décrit par Freud comme ayant des fantasmes et une sexualités très importante. On dit qu'il est comme un pervers polymorphe (pulsion anales, génitales,...). L'enfant serait au service de ses pulsions et il serait du rôle du parent que d'y mettre un frein afin qu'il ne soit envahi d'un désir de toute puissance et qu'il ne cherche pas à accomplir ses désirs et dominer autrui. Ce qui va faire grandir l'enfant ce sont les castrations : la naissance, le sevrage, par exemple. Chaque pulsion est associée à une castration symbolique. A propos du sevrage, Dolto disait que lorsque l'enfant n'a pour seul horizon que le sein de sa mère, il ne peut pas avoir accès à la parole. Il faut donc lui refuser le sein pour qu'il se tourne vers l'extérieur. Aujourd'hui, la science nous dit exactement l'inverse mais ça n'a pas empêché la théorie de continuer.

Il semble donc que ce soit de castration en castration et de frustration en frustration que l'être humain se construise, c'est à dire de limite en limite. D'autant que par le prisme de la théorie oedipienne, a modifier notre regard sur l'enfant puisque dans la mythologie Oedipe désire tuer son père. Dans l'inconscient collectif, l'enfant va donc forcément nous provoquer, tester nos limites, peut être même nous dépasser, nous tuer ! Les parents posent alors des limites sans que ça ne fonctionne vraiment, se culpabilisent, et renforcent les limites...

Est-ce qu'il n'y aurait pas une autre raison à ce que nos enfants se comportent comme ils se comportent ?
Parce que c'est vrai que nos enfants se comportent comme le dit la théorie ! Ils désirent tout ! On ne peut rien leur refuser. Ils sont complètement intolérants à la frustration. Ils hurlent dans les magasins, hurlent quand on leur refuse une sucrerie, hurle quand on éteinte la télé. Les enfants d'aujourd'hui semblent donner raison à la théorie analytique de la frustration.

Il faut se poser des questions sur l'environnement. Aujourd'hui nos enfants sont plongés dans un monde d'hyper stimulation.
  • Les supermarchés. On fait nos courses dans des endroits dans lesquels le cerveau des enfants ne sont pas équipés pour traiter la multiplicité des informations. Les parents travaillent beaucoup. Les enfants sont surstimulé et en carence de contact.
  • Les écrans ! Peut-on passer sous silence les écrans et l'importance qu'ils prennent dans la vie de nos enfants. Quand on sait que certains DA ont été interdits au Japon parce qu'ils provoquaient des crises d'épilepsie, on peut quand même se poser des questions sur le lien entre leur réactions excessives et les écrans.
  • Le sucre. Les enfants d'aujourd'hui mangent du sucre comme jamais et celui-ci a une incidence extrêmement importante sur l'humeur et sur l'hyperactivité. Aux USA, ils ont modifié sur une période de 4 ans la nourriture dans certaines écoles en enlevant tout le sucre, sodas et desserts compris. Le taux de violence a globalement baissé et les capacités académiques des enfants ont tellement augmenté que ça a surpris les chercheurs et qu'ils ont procédé d'eux même à des vérifications. Dans une prison, un groupe de chercheurs à étudié l'impact d'un apport vitaminique de base sur le volume de violence. Il a étudié le nombre de délits 9 mois avant toute modification de l'apport vitaminique ensuite il a donné aux délinquants des petites pilules. La moitié recevait des compléments vitaminiques et l'autre des placebo. Ensuite, ils ont étudiés le taux de violence durant les 9 mois qui ont suivi. La violence a diminué de façon impressionnante pour ceux qui avaient pris des vitamines et ça n'avait pas bougé pour les placebo. 50% d'acte graves en moins ! Ce n'était que des vitamines normales, que l'on retrouve dans des repas non carencés. Dans la revue scientifique médicale britannique de renom, The Lancet, il a été publié une étude sur le syndrome de déficit d'attention et d'hyperactivité. Ils ont donné des colorants alimentaires aux enfants et ça a provoqué de l'hyperactivité. L'étude conclut que certains additifs chimiques vont provoquer de l'hyperactivité, de l'intolérance à la frustration. Concernant le sucre, on sait aujourd'hui que l'hypoglycémie qui suit l'ingestion de sucre provoque un stress dans l'organisme qui induit des symptômes comme le mal à la tête mais aussi des symptômes comportementaux telle que ceux que l'on retrouve chez des enfants opposants.

Donc le monde a changé. Nous plongeons nos enfants dans un monde qui n'a rien à voir avec celui d'avant. Il faut prendre conscience de l'impact de ces phénomènes et comprendre que tout n'est pas une question de limite. Un enfant qui est hyperactif parce qu'il mange trop de sucre, on peut toujours le punir mais ça ne va pas changer grand chose.

Les punitions
Les punitions sont très utiles pour le parent. Elles lui permettent de reprendre le contrôle. On punit quand on se sent dépassé, quand on ne sait plus quoi faire. Pourtant on sait que les punitions ne sont pas efficaces. Un enfant qui tape son frère, doit-on le punir ? D'abord, pourquoi le tape-t-il ? Il est jaloux ? Il se passe en tout cas quelque chose pour lui. Il a tapé son frère, cette violence peut être provoquée par une mésestime de soi, par une fuite des émotion, par l'impulsivité... Comment est-ce qu'une punition peut s'adresser à ce genre de problème et augmenter l'estime de soi, permettre à l'enfant à parler mieux à son frère, à ne pas se sentir impuissant face aux situations ? Quand on est punit, on ne se sent pas très bien. On a un peu peur du parent, mais surtout, ce qui prend le dessus c'est la fureur contre le frère. En punissant l'enfant on va aggraver le problème, le renforcer. Les punitions sont toujours inutiles et dangereuses parce qu'elles n'aident pas l'enfant à se sentir entendu.
Mais les parents ont peur de se laisser faire, comme s'il n'y avait que deux alternatives. Des limites (punition) ou pas de limites du tout. Alors on pose des limites parce que sinon, comme le disent « les experts » c'est le règne de l'enfant roi. Quelle étude soutient ces propos ? Aucune !

Les études disent que 80% des parents français frappent leur enfant ; 9 punitions sur 10 à l'école sont illégales ; 75% des parents jugent ça utile, 73% des enseignants déclarent avoir vu des privations de récré, c'est interdit ; 28% y avoir recours, 56% donnent des lignes et recopiages divers, c'est interdit ; 95% d'élèves de CP disent avoir été témoin de fessée. Est-ce qu'on peut continuer de dire que les parents et les enseignants d'aujourd'hui sont trop permissifs ? Non, parce que ce n'est pas la réalité.

La réalité c'est que nos enfants vont mal, ils sont effectivement intolérant à la frustration. Effectivement c'est très dur au quotidien. Pour ne pas laisser faire nous avons besoin d'outil et ça nous manque beaucoup !

Reprenons le petit enfant qui tape son frère. Qu'est-ce qui se passe pour lui. Souvent : il est jaloux ! Il y a là une connotation négative. On va lui interdire de taper son frère. Ça ne fonctionne pas. Pourquoi continue-t-on à le faire ? Ça ne sert à rien d'interdire à un enfant. Il est utile de poser la règle mais il faut donner des outils aux enfants pour cesser de taper, c'est-à-dire comprendre ce qui se passe pour lui et lui donner des solutions pour agir autrement.

La théorie de l'attachement
Tout ça s'enracine dans la théorie de l'attachement. Quand Bolwby a émit cette théorie, il disait que les bébés n'existaient pas seuls que ce sont des êtres de relation. Cela remettait en cause des concepts psychanalytiques et n'a donc pas été soutenu par eux. La théorie de l'attachement dit qu'un petit être humain c'est un être social dès le début qui a besoin de se sentir en lien, que les bébés ont besoin de se sentir appartenir. Nombre de ses comportements vont être en rapport avec cette carence d'attachement. Il est tout à fait possible que l'enfant qui tape son frère le tape parce que juste avant on s'est beaucoup occupé de son frère et que lui on l'a envoyé balader. Il voit qui l'empêche de recevoir de l'attachement et donc le frappe. Ce n'est clairement pas en l'isolant que ça va régler quoi que ce soit. Il faut le prendre à part, lui donner ce dont il a besoin mais surtout l'aider à comprendre que s'il a tapé son frère c'est parce qu'il s'était senti rejeté. C'est ça notre mission de parent, c'est d'éduquer nos enfants, leur permettre de comprendre ce qui se passe à l'intérieur, mettre des mots.

De l'empathie à la causalité
Nous avons besoin de manifester de l'empathie vis à vis de nos enfants en nous mettant à l'écoute de ce qu'ils ressentent pour pouvoir les aider à mettre des mots sur ce qu'ils vivent et modifier les situations.

Mais ce n'est pas la seule raison pour laquelle on tape son frère. Si votre frère vous a piqué votre feutre ou joue avec l'un de vos jouets, au début vous lui dites « non, tu n'as pas le droit, rends le moi ! ». Mais ça ne marche pas forcément. Donc au bout d'un moment, l'enfant ne sait plus comment mettre des limites, des frontières, et donc il cogne. Si on lui dit « tu n'as pas le droit de taper ton frère » ça ne va pas l'aider. Il faut lui donner des outils pour protéger ses jouets sans violence. Dans une dynamique de parentalité positive et en regard de la théorie de l'attachement, je vais regarder les causes plutôt que de m'attaquer seulement aux effets. Quand j'identifie une cause j'ai à doter mon enfant des compétences nécessaires pour qu'il puisse gérer cette situation. Des compétences pour savoir poser des limites, les rapports de pouvoir, pour régler les conflits et ses propres émotions. Je vais enseigner à mon enfant, le faire grandir, plutôt que le casser, lui couper les ailes.

La théorie de l'attachement ça fonctionne un peu comme une plante verte. Si une plante ne semble pas bien, on ne va pas la punir en la mettant sous l'escalier... Dans la théorie de l'attachement, je vais chercher pourquoi elle a des feuilles jaunes et y remédier, je vais identifier ce dont elle a besoin et nourrir ce besoin. Pour un enfant c'est pareil, même si c'est plus compliqué tant il est vrai qu'il y a plus de paramètres et qu'en France nous sommes démuni par rapport à ça. Nous avons très peu d'informations pour comprendre ce qu'il y a dans le cerveau de nos enfants.

Parfois l'enfant tape par mimétisme. Les enfants apprennent à taper. Un jour dans un aéroport, j'ai vu un enfant taper son frère et la maman rappliquer en filant un gifle à son enfant « ça t'apprendra à taper ». Effectivement, il a appris à taper !

Nous oublions que nous sommes des modèles pour nos enfants. Ils nous regardent. Et donc si nous commençons à dire « non non non ne fais pas ceci, ne fais pas cela » très vite ils disent la même chose et nous interprétons dans la dynamique de la lutte d'influence et de pouvoir parce que nous sommes pénétrer par cette histoire de pulsions et de limites. Mais si nous cherchons à regarder les causes alors tout le paysage devient différent.

Les causes physiques
Les chercheurs ont identifié que la maltraitance s'inscrit dans notre ADN sur 3 générations. Certains gènes s'altèrent suite à une maltraitance et on retrouve l'altération du gène, encore plus forte, chez l'enfant de celui qui a réellement subi la maltraitance, ainsi que chez son petit-enfant. Ce qu'on ne sait pas encore c'est l'impact de cette perturbation de l'ADN sur le comportement. Est-ce que c'est possible qu'il n'y en ait pas ? Ça fait quelques années que les psys travaillent sur le trans-générationnel mais nous ne savions pas pourquoi ni comment des tragédies vécues dans les générations antérieures semblaient avoir un impact dans les générations actuelles, au delà même de leur prise de conscience.
Qu'est-ce qui me dit que si mon enfant à 2/20 en math c'est pas lié à un défaut de l'ADN ?

Peut être pouvons nous regarder nos enfants d'une autre façon. Quand ils ne sont pas dans notre prolongement, quand ils ne font pas ce qu'on attend qu'ils fassent nous sommes démunis (c'est nous qui sommes dans la toute puissance... non ?) Plutôt que de gérer les faits, je vais essayer de comprendre ce qui se passe à l'intérieur. Quelle est la cause ?

Le problème ça peut être un afflux de stimuli. Une petite fille arrive dans un supermarché. Elle a 2 ans. Sa maman lui a fait la morale : on achètera rien ! On sait aujourd'hui que chez un enfant de 2 ans la zone de l'impulsion n'est pas encore reliée à la zone qui nous permet d'inhiber cette impulsion. Demander un engagement à un enfant de deux ans est donc voué à l'échec parce qu'il n'a pas encore la capacité mentale d'y arriver. L'enfant a envie de faire bien. Comme maman lui a demander d'être sage, elle est sage. Elle reçoit donc toutes les informations qui lui parviennent sans avoir la capacité de les traiter. Son cerveau est sous stress, sécrète des hormones de stress. Tout à coup elle voit le nounours, le saisit et ça la soulage. En prenant le nounours, elle cherche à calmer l'intensité de se qui se passe dans son cerveau. La maman interprète ça comme un caprice. A ce moment-là, la petit fille se jette par terre et hurle dans tous les sens comme pour obliger ses parents à acheter le nounours. La maman se dit que c'est une volonté de toute puissance alors que l'enfant ne cherche pas le nounours, elle cherche juste à se calmer. Quand la maman enlève le nounours ça provoque une chute brutale des opioïdes et donc de la douleur. Ce n'est pas une colère parce que sinon ce serait dirigé contre quelque, alors qu'ici, ça part dans tous les sens, c'est pas maitrisé. Là, les parents disent « c'est pas vrai puisque quand je dans le rayon d'à côté, la petite fille arrête ». Mais un enfant est un mammifère et tous les mammifères, lorsque leurs bases de sécurité disparaissent, se figent. C'est un moyen de défense animal. Les neurosciences nous donnent des informations qui changent totalement notre perception des choses.

Dans la parentalité positive, on va d'abord moins emmener son enfant au supermarché mais sinon on va lui donner des missions. Les enfants de deux ans adorent ranger les trucs, mettre de l'ordre, etc. Il faut leur donner des tâches. Si je satisfais les besoins de l'enfant il y a nettement moins de conflit.

Des limites ou des explications ?
Quelque fois on croit que si on ne donne pas des limites alors il faut tout expliquer. C'est pas du tout ça la parentalité positive. Expliquer le divorce, la sexualité, la mort, tout ça c'est important. Les secrets sont toujours nocifs pour les enfants. Là, Dolto avait raison. Mais leur expliquer toutes les petites choses du quotidien ça noie les dans un flot d'informations et ça ne les aide pas à changer leur comportement.

Nous manquons d'habileté, d'outils pour que ça fonctionne, pour qu'on ait une vie plus agréable avec eux.

Il y a une habileté remarquable qui nous vient des USA : utiliser un seul mot pour transmettre une information.
Exemple de la lumière dans la cuisine : « Adrien, tu peux éteindre la lumière s'il te plait » alors qu'il est sur son ordinateur. Il répondait « oui oui » mais il continuait à jouer. En passant devant la chambre, j'ai plutôt dit « Lumières ! ». Ça n'a pas duré une minute qu'il était déjà levé, descendu et avait éteint la lumière. Tous les parents qui testent ça disent que ça fonctionne. Pourquoi ?
Si je donne un ordre à un enfant ça rentre dans son cerveau verbal, point. Ça s'arrête là. Tandis que si je donne un seul mot... Il n'y a pas assez d'info alors ça passe dans le cerveau frontal, là je suis obligé de réfléchir au sens que ça a. Du coup, je me sens libre, et j'ai l'idée de ce qu'il faut faire et j'agis.

La réalité, c'est que nos enfants cherchent toujours à nous satisfaire. S'ils râlent, la plupart du temps c'est que notre façon de nous adresser à eux les empêche de nous faire plaisir.
Exemple : Pour une petite fille de deux ans aura beaucoup plus facile à accepter de prendre son bain si on ne lui ordonne pas « c'est l'heure du bain ! » mais si on lui done le choix un choix «dans ton bain, tu voudras jouer avec le canard vert ou le orange ? » La petite fille se sent alors responsable d'elle même.

Il y a tout de sorte de façons de faire pour que la vie avec nos enfants soit un plaisir.
Si un ado dit à son père « sale con », on peut aussi décoder. Qu'est-ce qui peut faire qu'un ado dise à son père « sale con » ? Il doit être triste. Peut être qu'il a entendu quelque part et qu'il ne sait pas quoi en faire, peut être qu'il dit à son père « j'ai peur que tu penses que je suis con »...

L'empathie, c'est arriver à décoder en dessous plutôt que de réagir sur la surface. Si mon enfant se conduit comme ça c'est qu'il y a un besoin derrière. Il faut donner les conditions pour que les enfants puissent s'épanouir, et puis leur faire confiance. Il faut fournir à nos enfants ce dont ils ont besoin pour qu'ils puissent découvrir ceux qu'ils sont en réalité.


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