mardi 12 juin 2012

Le gai savoir

Depuis hier, je pense et repense à ce que j'ai vu.

J'ai vu des jeunes construire leur école, littéralement. Je les ai vu poser des briques, une à une, puis je les ai vu réfléchir au sens de l'école, aux procédés. Je les ai vu errer, je les ai vu penser, se perdre, se retrouver, s'inventer.

Hier, j'ai assisté à la projection du "Gai Savoir" de Stéphane Xhrouët. Il a suivi la première année de Pédagogie Nomade, à Limerlé. Pédagogie Nomade est une école. On ne devrait pas avoir à dire autre chose. Ça devrait se suffire à soi-même. Pourtant, force est de constater qu'il faut bien préciser quelques peu les choses parce que non, ça ne va pas de soi qu'une école se définisse dans les principes d'Égalité et de Liberté. Ça ne va pas de soi qu'une école soit le lieu de l'apprentissage de la parole et de la démocratie (au sens noble). Ça ne va pas de soi qu'une école choisisse de ne pas juger (au nom de quoi ??) ses élèves.

Alors oui, il faut le dire, Pédagogie Nomade est une école radicalement différente parce qu'elle a compris que ce n'était que dans la différence que l'on pouvait trouver une issue heureuse à notre enseignement.

On observe des adolescents, des jeunes adultes, apprendre à être en société, apprendre à comprendre, apprendre à se gérer soi et les autres. On voit une mini société qui s'enrichit des réflexions des uns et des autres, quel que soit leur statut préliminaire, profs, élèves, qu'importe !

Cette école a vécu 3 ans pour finalement être fermée, brutalement.

En voyant ce documentaire je ne pouvais m'empêcher de penser à Summerhill et à ses libres enfants. Je ne pouvais m'empêcher de me demander pourquoi partout ailleurs on cherche à cadrer, encadrer, calibrer, mesurer tant les enfants que le savoir ou la façon dont il est dispensé.

L'école de Summerhill existe depuis 1921. Bien avant mai 68 et ses calicots libertaires, donc. Alexander Sutherland Neill, son fondateur et son directeur historique a choisi de faire confiance aux enfant de 3 à 16 ans qu'il accueillait. La confiance. Ça ne doit pas être aussi simple que ça en a l'air, sinon c'est sur ce mode-là que seraient élevés et éduqués nos enfants.

Le débat qui a suivi la projection était triste. Triste parce que les membres (prof, élève, parent d'élève) de Pédagogie Nomade nous racontaient l'histoire d'un miracle et que personne ne voulait y croire. Est-on si désabusé ? Triste parce que ces mêmes personnes nous expliquaient que le Pouvoir ne veut pas d'enfants libres et égaux et que je les crois. Mais aussi désespérément encourageant... Si la révolution est une forme d'art, c'était bien de l'art leur affaire. De l'art et de la révolution. Désespérément encourageant, donc.

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